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Jeff Bezos : retour sur un parcours extraordinaire en sept dates

Après 17 ans de règne sans partage, le fondateur d’Amazon quitte son poste de PDG. Voici les événements les plus marquants de son itinéraire.

Jeff Bezos a annoncé cette semaine qu’il abandonnerait, à l’été, la tête de sa société Amazon. A 57 ans, il laisse sa place de PDG à Andy Jassy, son fidèle bras droit, pour devenir président. Il reste aussi le principal actionnaire de l’entreprise.
Cela signifie qu’il ne sera plus plongé dans la gestion opérationnelle au quotidien mais qu’il supervisera tout de même la stratégie de son Empire. Il va pouvoir consacrer davantage de temps à ses activités annexes, ses « passions » dit-il.
Il s’agit là de sa société Blue Origin mais aussi du Washington Post ou encore des fonds Bezos Day One et Bezos Earth. Retour sur les grandes dates qui ont jalonné son parcours.

1995 : le lancement d’Amazon

Les débuts d’Amazon sont fulgurants. A 30 ans, Jeff Bezos a peur de passer à côté des débuts d’un Web balbutiant mais en pleine croissance. Cet ingénieur informatique de formation décide de plaquer sa très belle situation d’analyste financier à Wall Street pour créer un site de vente de livres en ligne.
Ce n’est pas la bibliophilie qui le motive. Mais le fait que le livre soit le produit commercial possédant le plus grand nombre de références. Il se met en tête de constituer un catalogue avec lequel aucune libraire physique ne pourra rivaliser. Il traîne donc sa femme jusqu’à Seattle en 1994 pour fonder sa start-up. Il lance Amazon l’année suivante. Le succès est immédiat et le dépasse. Les premières semaines, il se retrouve à empaqueter les colis à même le sol avec sa petite équipe d’ingénieurs.

1999 : Bezos, personnalité de l’année

Malgré ses nombreux clients, Amazon n’est pas rentable durant plusieurs années. L’entreprise doit aussi affronter l’éclatement de la bulle Internet et la concurrence du libraire Barnes and Noble qui lui fait un procès et lance sa propre boutique en ligne.
Mais la société tient bon et diversifie ses produits. Jeff Bezos est distingué comme la personnalité de l’année dès 1999 par le magazine Time. Et Amazon finit par réaliser ses premiers profits en 2003. Peu à peu, la plate-forme va devenir le leader mondial du e-commerce et brasser des volumes gigantesques.
Sa méthode ? Attirer le plus de clients possibles avec le plus vaste choix de produits et les prix les plus bas. Sans oublier des délais de livraison imbattables et un service client irréprochable.

2000 : création de Blue Origin

Jeff Bezos décide très tôt de créer sa société spatiale. Comme il finit par devenir très riche, il va réinvestir une partie conséquence de son argent dedans chaque année. Au départ, son obsession est de développer des lanceurs suborbitaux destinés au tourisme spatial comme la fusée New Shepard. La première mission pourrait d’ailleurs décoller dès le mois d’avril prochain.

Il élargit son périmètre avec la construction de moteurs et de lanceurs plus lourds pour la NASA, ainsi qu’un projet d’atterrisseur lunaire. A plus long terme, il pense que les humains devront coloniser tout le système solaire pour maintenir leur croissance.

Bezos développe aussi une constellation géante de satellites destinée à fournir un accès à Internet partout sur la Terre : Kuiper. Pour toutes ces raisons, Blue Origin et Jeff Bezos se retrouvent donc en concurrence avec SpaceX et Elon Musk. Les deux hommes s’échangent régulièrement des piques par médias ou réseaux sociaux interposés.
Leur dernière querelle concerne l’altitude des satellites envoyés par SpaceX pour la constellation Starlink. Bezos redoute qu’il ne crée des interférences avec les siens.

2006 : le lancement de l’activité Cloud

En 2003, l’idée naît de rentabiliser les infrastructures informatiques d’Amazon en créant une filiale proposant des services de cloud computing à des clients extérieurs. Amazon Web Services est créé trois ans plus tard.
Andy Jassy, futur P.-D.G. d’Amazon cet été, aura été l’artisan de son succès et le symbole de la diversification réussie des activités du groupe. Aujourd’hui, AWS domine le cloud avec 33% des parts de marché et représente l’activité la plus rentable d’Amazon. Les clients prestigieux se bousculent comme Netflix, Spotify ou Airbnb. Ce n’est donc pas un hasard si Andy Jassy a été choisi comme l’héritier de Jeff Bezos, outre le fait qu’il s’agisse du plus fidèle de ses collaborateurs.

2013 : le rachat du Washington Post

Jeff Bezos affirme qu’il ne cherchait pas à acheter de journal. Ce serait Don Graham, le président du conseil d’administration du Washington Post, qui serait venu le démarcher pour lui demander de reprendre ce titre qui appartenait à sa famille.
Bezos se décide à le racheter pour 250 millions de dollars en 2013 sur ses fonds propres. A ce moment-là, le journal traverse une crise, et ne parvient plus à rivaliser avec le New York Times.
Le patron d’Amazon apporte de l’argent frais et ses compétences numériques. Il fait embaucher quantité de journalistes et décuple le nombre d’abonnés en proposant des prix réduits aux utilisateurs d’Amazon Prime.
Il exige aussi de rebâtir entièrement la plate-forme du journal en ligne pour une plus grande efficacité des journalistes et une meilleure expérience utilisateur des lecteurs. La réussite est telle que Arc Publishing, le logiciel de mise en ligne des contenus du Washington Post, se vend maintenant aux rédactions du monde entier.
Aujourd’hui, le titre a retrouvé tout son lustre et les journalistes n’ont pas encore eu à se plaindre d’une intervention éditoriale de Jeff Bezos.

2014 : Bezos, élu pire patron au monde

La Confédération syndicale internationale le distingue comme le « pire patron au monde » à l’issue d’un vote en ligne en 2014. Impitoyable et hyper exigeant, Jeff Bezos n’a en effet jamais cessé d’être décrié pour ses méthodes managériales à la tête d’Amazon.
L’entreprise est régulièrement accusée d’exploiter de façon inhumaine une main d’œuvre peu qualifiée dans ses entrepôts, ainsi que les collaborateurs freelance qui livrent les produits. Des documents internes qui ont fuité dans la presse montrent une volonté de lutter contre la mobilisation et la syndicalisation des employés, quitte à se livrer illégalement à de l’espionnage.
La direction a mis aussi beaucoup de temps à se soucier de l’environnement. Les scandales se sont multipliés sur la propension d’Amazon à détruire des produits invendus ou retournés par ses clients. Bref, Jeff Bezos et Amazon sont devenus le symbole des excès et des méfaits de la nouvelle économie.

2017 : il devient l’homme le plus riche du monde

Jeff Bezos détrône Bill Gates sur le podium des hommes les plus riches du monde en 2017, dans le classement réalisé par Forbes. C’est un peu comme s’il était devenu le maître du monde. Une position qu’il doit à la réussite impressionnante d’Amazon, un véritable rouleau-compresseur qui écrase tous ses concurrents sur son passage, et dont le cours de bourse est florissant.
Même la pandémie réussit à enrichir encore davantage Jeff Bezos en 2020 grâce au report des consommateurs sur le commerce en ligne et l’envolée des services de cloud. Sa fortune reste colossale et est estimée à 200 milliards de dollars.

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Amélie CHARNAY